samedi 31 juillet 2010

Reprises de Depeche Mode 1/9 (Personal Jesus)

Bonjour Marylin Manson
Respect à Johnny Cash
Bonjour aux zotres


J'ai eu l'idée d'une série samediesque consacrée aux reprises de Depeche Mode il y a plus de 6 mois et j'avais même préparé quelques messages enregistrés dans mes brouillons et puis je suis passée à autre chose.

Le tag d'hier m'a rappelé ce projet et j'ai eu envie de l''amorcer avec une chanson que je ne citais pas dans mes réponses à savoir Personal Jesus (mais j'y ai pensé à la place ou en plus de "Blasphemous Rumours") et je me suis aperçue que début 2010, c'est déjà ce titre que j'avais choisi pour débuter la série.

Mais comme je l'ai écrit hier, souvent en fonction du contexte et de l'humeur, on perçoit une chanson différemment. Je viens de
réécouter Personal Jesus et de relire le texte et je trouve que j'ai écrit dans le paragraphe suivant est un peu sévère.

Personal Jesus n'a jamais été ma chanson préférée de Depeche Mode. J'ai même tendance à penser que la version originale de Depeche est un brin ennuyeuse, son rythme trop appuyée aux dépends de la mélodie. Marylin Mason et Johnny Cash évitent cet écueil de deux façons très différentes.


Marylin Manson accentue la violence de la chanson qui colle parfaitement à son univers iconographique. La voix vieillissante et si particulière de Johnny Cash (à écouter aussi
ici) lui donne une sensibilité qu'elle ne possédait pas à l'origine. Alors oui, je préfère ces deux reprises à l'original qui les a inspirées.


vendredi 30 juillet 2010

World (in my eyes)

Bonjour à celles et à ceux qui voient le monde avec les mêmes yeux que moi
Bonjour aux fans de Depeche Mode

Bonjour aux zotres

Accès à un site consacré au groupe Depeche Mode et aux
Paroles de leurs chansons.

J'ai vu circuler la chose sur divers blogs. Les questions sont parfois redondantes avec d'autres questions issues de tags précédents mais bon, comme les contextes changent et les humeurs varient, les réponses évoluent nécessairement aussi. Je compte aussi sur le fait que mon fidèle lectorat n'apprend certainement pas le contenu de mon blogounet chéri par coeur. Bref, je n'ai pas résisté à l'envie de répondre.

Beaucoup de titres de Depeche Mode me venaient à l'esprit à chaque question posée dans ce tag musical.


Aussi ai-je décidé de "corser le bouillon" en ne choisissant que des titres de chansons de ce groupe. Mais comme je me connais (bien), je pense que vous aurez aussi droit à une version sans Depeche Mode la semaine prochaine !


Si quelqu'un vous dit "est-ce que c'est bien ?", vous dîtes :
Je dis d'abord "vous pouvez répéter la question ?" parce qu'elle n'a guère de sens en dehors d'un contexte un peu plus précis. Ensuite, je me creuse la cervelle et je réponds "It doesn't matter" parce qu'au fond, l'important à mes yeux n'est pas de savoir si c'est bien ou mal mais si ça me plait (ou non).


A quoi pensez-vous souvent ?
René Char (qui n'est pas le dernier scribouillard venu) disait "La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil" et dans un accès de brulure solaire je réponds sans hésiter "Useless" parce que j'ai conscience de mon absolue inutilité et de la vacuité de bon nombre de choses sur terre d'où la nécessité tout aussi absolue que tant d'inutilité soit au moins agréable, récréative, légère. L'hédonisme et l'épicurisme sont les meilleures réponses que j'ai trouvées à l'absence de sens.



Qu'est-ce que vous aimez chez un homme ?
J'imagine que le tag a été conçue par une personne très jeune car initialement le mot "garçon" remplaçait le mot "homme".
J'avais envie de répondre le fait qu'il me porte mes bagages et qu'il réussisse à ouvrir les bocaux de cornichons sur lesquels je m'acharne sans succès mais je n'ai pas trouvé de titre de chanson qui approche ne serait-ce qu'un tant soit peu ce concept. Aussi ai-je déployé des trésors d'imagination pour songer à d'autres utilités éventuelles de la gent masculine et, dans un tout autre registre, j'ai songé à "When The Body Speaks".


Comment vous sentez-vous maintenant ?
"Waiting for the night" histoire de réviser ma compréhension du langage corporel évoqué à la question précédente.


Qu'est-ce que 1+1?
"Love (is not enough) in itself"
There was a time When all on my mind was love
Now I find That most of the time
Love's not enough
In itself
Conséquence directe de ce qui précède : "Now, this is fun" et, en soit, ça me suffit et ça me simplifie la vie.


Que pensez-vous lorsque vous voyez la personne que vous aimez ?
En parfaite cohérence avec la réponse précédente, je ne parlerais pas d'amour. Je répondrais plutôt "A question of lust" ou bien "Junior painkiller" (même si c'est un instrumental) et évidemment le très évocateur "I feel you".
I feel you Your sun it shines
I feel you Within my mind
You take me there
You take me where
The kingdom comes
You take me to
And lead me through Babylon


Que pensent vos amis de vous ?
"Fragile tension" je suppose.


Que pensez-vous de vos amis ?
L'amitié est à mon avis la forme supérieure d'amour. Je réponds donc sans hésiter "Higher love".


de votre meilleur(e) ami(e)?
Evidemment plus que "Precious"


Que pensent vos parents de vous ?
Il va sans dire qu'aux yeux objectifs de mes géniteurs, je suis une sorte de "Monument" voire de "Sweetest perfection" mais en beaucoup mieux que ça encore ! Je disais quoi déjà tout à l'heure à propos de la lucidité ?


Que jouera-t-on à vos funérailles ?
"Blaphemous rumours" (mais dans 153 ans minimum).


Quel est votre hobby ?
Bon, j'avoue que c'est la réponse la plus capilotractée de l'exercice : "Enjoy the silence", le silence de la lecture et celui de l'écriture qui, comme le disait Jules Renard "est une façon de parler sans être interrompu" ou comme le rappelait Beigbeder de "savoir ce que [l'on] pense".


Quelle est votre plus grande peur ?
"Nothing" non pas que je n'ai peur du rien mais plutôt parce que j'ai peur du vide sous toutes ses formes... je suis sujette au vertige et allergique au silence que je trouve destructeur (sauf bien sûr, si c'est un silence lié à la réponse à la question précédente). Et puis bien sûr "Never let me down again".


Comment vous décririez-vous ?
"Flexible" mentalement par construction (enfin j'essaie) et aussi physiquement depuis que je prends des cours de sports intensifs avec mon coach de choc.


Qu'est-ce qui vous décrit ?
"Behind the wheel" même si le texte de cette chanson est totalement contradictoire avec le titre...


Quel est votre plus grand secret ?
Un secret n'est pas fait pour être dévoilé sur un blog (même s'il s'agit d'un bloggounet chéri) aussi répondrai-je très logiquement "My Secret Garden" ou "Leave in silence" ou "Enjoy the silence".


Quelle est l'histoire de votre vie ?
"Pleasure little treasure" à relier avec pas mal de réponses aux questions précédentes et avec le sous-titre de ce blog.


Quelle est la chanson de votre vie ?
"Just Can't get enough" ce qui tombe plutôt bien parce que c'est aussi la chanson qui m'a fait découvrir et immédiatement adorer Depeche Mode en 1981... J'étais en seconde et tout ça ne nous rajeunit pas (soupirs). Et oui, certain(e)s se coiffaient et s'habillaient vraiment comme ça dans les années 80.


Quel est votre but dans la vie ?
"Free" dans la mesure où c'est possible.


Quel titre allez-vous donner à ce billet ?
World in my eyes puisque c'est bien de ma vision des choses dont il est question ici.
Let me show you the world in my eyes
That's all there is
Nothing more than you can feel now
That's all there is



Je vais passer le relai à Lethée, Chrys, Miss Zen, Faustine (en mode enterrement de vie de jeune fille) ainsi qu'à deux membres du gang des fers à repasser : Emmyne et Aurore.

jeudi 29 juillet 2010

Méfiez-vous (des zimitations)

Bonjour à la grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le boeuf
Bonjour aux zanimox qui voudraient changer de peau
Bonjour aux

maître(sse)s gaga
Bonjour aux zotres

La photo de Baddog vient d'ici
Photos délires via un lien fourni par Cynthia !

Il y a quelques temps je vous avais parlé des déguisements pour cochons d'Inde vendus sur un site internet US et d'une pub pour une chaîne de restaurants australiens où des zanimox se déguisaient pour tenter de se faire passer pour des bestioles locales...

Site La Pubelle article incluant 2 zotres visuels du même genre.

Après le message un peu lourd d'hier consacré à la cruauté envers les zanimox et à la corrida notamment, j'ai jugé utile d'adopter un ton plus léger aujourd'hui pour ne pas vous déprimer trop.

J'ai cherché sur le net quelques photos montrant des zanimox farceurs (ou des maîtres débiles selon les goûts). Certain(e)s diront peut-être que ces déguisements participent d'une autre forme de cruauté envers des zanimox. Possible. A mon avis ça démontre surtout le gâtisme de certain(e)s maître(sse)s devant leurs bestioles et les formes régressives que cela peut prendre...

Quand j'étais enfant (hier quoi), je déguisais les nombreux bébés de nos deux chattes avec des vêtements de poupées mannequins... Visualisez le tour de taille d'une Barbie et celui d'un chaton de 6 semaines et vous comprendrez que ça n'amusait que moi !

mercredi 28 juillet 2010

La corrida (massacre indécent, barbarie ritualisée)

Caresses mentales aux taureaux (mentales parce que bon, ce ne sont pas les bestioles les plus faciles à tripoter)
Grrr aux poseurs/euses de bandrilles et à celles et ceux qui paient pour les regarder faire

Bonjour aux zotres

Je mange de la viande avec plaisir, je n'ai rien contre certaines formes de chasse et de pêche (mais certaines me semblent indignes) qui s'inscrivent dans une logique alimentaire que certain(e)s végétarien(ne)s jugeront sans doute barbare mais que j'assume avec appétît et qui, au moins, explique le fait de tuer des animaux.

D'autres animaux sont tués au nom de la tradition et à mes yeux, ce prétexte est révoltant et ne saurait constituer une justification. La tradition est la source de maintes injustices et barbaries envers les humains et encore plus souvent à l'encontre des humaines partout sur la planète mais aujourd'hui je me contenterai d'évoquer certaines cruautés dont sont victimes les animaux.

Il y a quelques années encore, en Espagne, au cours d'une fête de village (sic !), on jetait une chèvre du haut d'un clocher. Depuis peu, on se contente d'une chèvre en carton mais la pratique subsiste ailleurs avec des volailles (dindons) et d'autres tout aussi absurdes et cruelles perdurent lamentablement comme celle qui consiste à faire parader un âne pour le rouer de coups et à lui coller des pétards dans les oreilles jusqu'à ce qu'il meurre. Follement divertissant, pas vrai ? Comment peut-on faire "ça" ? Au nom de qui, de quoi ? Et que dire du sort réservé à des milliers de chiens (des lévriers notamment) utilisés pendant la période de chasse pour leur vélocité et assassinés ensuite ?

Pour moi, la pratique de la corrida est parfaitement comparable aux tortures évoquées précédemment et je pense même que cette institutionalisation du massacre d'une bestiole dans une arène sous les olé de la foule excitée par le sang explique en grande partie la fréquence de la maltraitance des animaux en Espagne. La corrida n'est rien d'autre pour moi qu'un spectacle inique, macabre et indécent révélateur de nos plus bas instincts sous de vagues prétextes culturels dépassés et un enrobage esthétisant à la limite du fétichisme et du fanatisme et, en tout état de cause, de mauvais goût.

La Catalogne vient d'avoir le courage (les couilles de taureau pourrait-on dire) d'interdire la corrida à partir de 2012 et je crie bravo même si je ne comprends pas bien l'intérêt d'attendre autant (bon, OK Daniel, en vrai je vois bien pourquoi). Certain(ne)s noteront que c'est certainement autant sinon plus pour des motifs politiques que pour des raisons humanistes et morales. Et alors ? Tant mieux si une décision purement politique sert au final la morale et grandit l'humanité.

Quelques liens

Quelques raffinements barbares espagnols à l'égard des animaux évoqués
ici
Le martyr des ânes du pero palo décrit
ici
Intéressantes analyses sur la symbolique religieuse de la corrida et sur les liens unissant l'église catholique et la tauromachie
ici et (ben oui, le taureau n'est rien d'autre que le symbole du malin).

Accessoirement, j'aime bien les dessins de Picasso.

mardi 27 juillet 2010

Le roi pêcheur (de Julien Graqc)

Bonjour à celles et ceux qui ont trouvé leur Graal
Bonjour à Mango
Bonjour aux zotres


Je remercie Mango d'avoir attiré mon attention sur le centenaire de Julien Gracq né le 27 juillet 1910. Je n'ai rien lu de lui mais je profite de l'anniversaire de sa naissance pour mettre en ligne ici une critique que j'avais rédigée le 22 mai 2001 après avoir vu Le Roi Pêcheur, sa seule pièce de théâtre écrite en 1948.

Je ne savais rien de cette pièce avant d'aller la voir au Théâtre du Nord Ouest dans le cadre du cycle Quel avenir pour l'humanité ? qui proposait un florilège d'une trentaine de pièces et de lectures sur ce thème.

Le sujet

Une quête du Graal revisitée où l'on s'attache plus aux sentiments et aux contradictions humaines qu'à l'épopée héroïque. On se retrouve à Montsalvage, un royaume en décrépitude, perdu dans l'ombre, le brouillard et le froid au sein d'un chateau où un roi ANFORTAS vieillisssant et souffrant d'une étrange et douloureuse blessure sanglante est veillé avec dévotion par la belle Kundry, porteuse d'un lourd secret.
Dans cette atmosphère où culmine le malheur, tous attendent la réalisation de la prophétie qui, d'une manière où d'une autre les délivrera et leur permettra d'accomplir la dernière phase de leur destin... Tous attendent et redoutent le "Pur", celui qui parviendra à trouver le Graal.
Perceval le Galois arrive enfin à destination, il touche au but mais il n'est pas le personnage principal de cette pièce (c'est bel et bien Amfortas, Le Roi Pêcheur). C'est l'étranger, le témoin qui permet à chacun, y compris lui-même, de se révéler. Il renvoie chacun à sa propre conscience, ses propres questions, ses propres limites, ses propres peurs.
Au où cette quête s'achève, Perceval apprendra que le danger ne revêt pas toujours les formes les plus effrayantes et que l'ennemi n'est pas toujours celui qu'on croit.


Mon avis

LES ACTEURS
pour les habitué(e)s du théâtre du Nord Ouest, ce ne sera pas une surprise : ils sont bons. J'avais déjà vu la plupart des acteurs dans l'excellent Lorenzaccio (j'adore Musset) ou l'horripilant Oncle Vania (je déteste Tchekhov).

LE TEXTE
Le texte est superbe, poétique et philosophique à souhaits, trop peut-être ? C'est typiquement le type de pièce qui gagne à être lue et connue avant d'être vue tant il est riche et parfois obscur, la beauté de la forme nuisant parfois à la clarté du fond.
Le texte de Graqc est très bien servi et l'oreille est continuellement flatée par la musicalité des phrase, quelquefois au dépends de l'écoute réelle et de la compréhension des situations. L'auteur ne facilite pas la tâche du spectateur, multipliant les ellipses, les non-dits, entretenant le silence sur les secrets douloureux et distillant deci-delà quelques confidences en demi-teintes. Dès lors, tout est matière à réflexion, à interprétation.

LA MISE EN SCENE
Elle est très sobre voire dépouillée : aucun décor, peu de déplacement, un phrasé très lent nécessaire pour rendre la beauté du texte et en permettre la compréhension : imaginez un long poème de 2 heures.


Le Roi Pêcheur - Quelques infos

1949 -Le Roi Pêcheur est créé et jouit d'une aide financière à la première pièce, sous le patronage du Ministère de l'Education Nationale. La mise en scène est de Marcel Herrand dans des décors et costumes de Léonor Fini. Jean-Pierre Mocky incarne Perceval et Maria Casarès Kundry. Très mauvais accueil du public et de la presse. Le "comportement" du milieu de la presse et de l'édition rend furieux Julien Gracq qui s'en "souviendra" pour La Littérature à l'estomac.

1991 - Le Roi Pêcheur a été montée à Lyon au théâtre des Célestins en 1991 par Jean-Pierre Lucet. Julien Gracq ira voir la pièce et appréciera la façon dont elle a été montée. Il a aimé infiniment le décor de Jean-Paul Vergier alors qu'il avait détesté les costumes et le décor de la pièce de Marcel Herrand. La pièce a aussi été montée ensuite en 1996 en Italie à San Miniato.

Si vous voulez en savoir un peu + sur le Graal, je vous renvoie ici : vous pourrez lire un résumé de conférence sur la quête du Graal très intéressant et pas trop long (2 pages environ). "Le Graal : un mythe du salut", par Michel Zink, Professeur au Collège de France Compte-rendu de la conférence du 3 juin 1999.
"Le Graal est polymorphe, chacun porte en soi son Graal tel qu'il l'imagine et le cultive."
Jean-Charles Payen, 1981


Extrait de la pièce
Le roi AMFORTAS parlant à PERCEVAL

Nous ne sommes pas ici chez Trévrizent, Perceval, et il ne s'agit pas de te punir. Tu m'as appelé tout à l'heure un oiseau de nuit en plein jour, et en effet, il ne s'agit que d'une manière de cligner des yeux. Il y a des oiseaux qu'on endort en leur faisant fixer une ligne blanche et il y a derrière chaque acte un sillage, une trace qui s'élargit, et si on la fixe des yeux assez longtemps, il vous prend un vertige qui chavire le cour, et qui a pourtant un charme, parce qu'il endort. Ainsi Montsalvage s'est endormi dans ses branches, comme un navire sur les vagues, pour avoir déserté la proue et s'être mise à fixer trop longtemps un sillage.

Perceval, si les hommes se retournaient seulement une bonne fois, ils
verraient se dresser derrière eux autant de Sodomes et de Gomorrhes levées de chacun de leurs pas et capables de les changer en statues de sel. C'est là ce que Montsalvage contemple, et c'est pourquoi tu trouves qu'il y fait nuit en plein jour. Tu as vu dans tes voyages de ces rochers qui gardent les pistes de bêtes fabuleuses qu'on ne voit plus nulle part. Ils étaient boue pour recevoir l'empreinte - ils se sont faits pierre pour la garder.

Perceval ! quelque chose a passé ici il y a longtemps, dont Montsalvage a gardé l'empreinte, et rien n'a pu l'effacer, car Montsalvage est un lieu clos, car le temps et la vie n'y trouvent plus de prise, car Montsalvage pétrifie - et c'est ce qui fait de moi pour les passants une pierre de foudre au bord de la route, un fantôme en plein soleil, une tête de Méduse qui te fascine et que tu n'oublieras plus jamais de regarder, Perceval, parce que tu m as vu, parce que ce que j'ai fait tu pourrais le faire, et tu l'as désiré dans ton cour, et que tu sais maintenant que je te ressemble.


Conclusion

Je conseille vivement cette pièce mais, si nécessaire, je suggère une petite incursion du côté du mythe du Graal avant... En sortant, je me suis précipitée sur internet pour essayer de lire quelques analyses sur cette pièce ainsi que sur la quête du Graal et je dois avouer que ce que j'ai lu a accentué ma curiosité et multiplié mes questions.

Je m'attendais à une pièce plus métaphysique étant donné le sujet et, si le rapport au Divin n'est pas absent, c'est bien le rapport à soi-même et à ses propres limites qui est le centre de la pièce.
Bon, allez, je vous le dit quand même, une chose m'a évidemment énervée : l'image de la femme porteuse de souillure, génératrice d'indignité. Kundry est une sorte d'Eve médiévale qui a provoqué la chute d'Amfortas et qui doit expier.

Je vous livre ci-dessous ce que Julien Gracq a écrit au sujet de sa propre pièce (qui date de 1948). La première partie de son analyse ne me semble pas, elle non plus, d'une clarté absolue... La 2e moitié est plus simple.


Julien Gracq, Le Roi Pêcheur Éditions José Corti
Extrait de l'avant-propos de Julien Gracq

Il reste (.) que cette matière [de Bretagne] n'est pas épuisée, et que ce serait vraiment faire peu de confiance au pouvoir de renouvellement indéfini de la poésie la plus pure - la plus magique - que de le croire. Le cycle de la Table Ronde appartient à l'espèce de mythes la plus haute : il est par essence un de ces carrefours où les très petits déplacements du promeneur correspondent
à chaque fois à un foisonnement de perspectives nouvelles. Vu sous un certain angle, il donne sur l'histoire du roi Saül et la légende du prêtre de Némi - sous un autre, Wagner a pu y voir une apologie de la pitié, et même assez curieusement, comme on sait, le prétexte à une prédication végétarienne. Il fournit l'archétype du " Bund " idéal, - de la communauté élective. Il noue une
gerbe d'éléments concrets propre à matérialiser comme nulle autre le thème de la fascination.

Reste au centre, au cour du mythe et comme son noyau, ce tête à tête haletant, ce corps à corps insupportable-ici et maintenant, toujours-de l'homme et du divin, immortalisé dans Parsifal par la scène où le roi blessé élève le feu rouge du Graal dans un geste de ferveur et de désespoir qui figure un des symboles les plus ramassés que puisse offrir le théâtre - un instantané des plus
poignants que recèle l'art - de la condition de l'homme, qui est, seul entre tous les êtres animés, de sécréter pour lui-même de l'irrespirable, et, condamné à ce tête à tête fascinant et interminable avec ce que de lui-même il a tiré de plus pur, de ne pouvoir faire autre chose que de répéter l'exaltante et désespérante formule : " Je ne puis vivre ni avec toi, ni sans toi.

" La température d'orage que dégage ce tête à tête sans rémission est à elle seule d'une nature assez attirante, je le crois, pour conduire à donner au personnage d'Amfortas la place centrale : c'est de ce changement de perspective que je m'autorise pour le titre que j'ai donné à cette pièce. Dans ce nouvel éclairage, il m'a paru qu'il pouvait n'être pas sans intérêt de suivre une fois de plus le héros dans une démarche dont tout le mythe tend à démontrer qu'elle est au dernier point dangereuse et semée d'embûches, et de s'arrêter avec lui à quelques-uns des écueils dont sa route était jalonnée. Ces écueils sont de nature spirituelle et leur garde remise tout naturellement aux mains les grands naufrageurs.

Le personnage du prêtre ne saurait se séparer de la silhouette essentiellement noire qui lui est échue dans une représentation populaire finalement bien avisée : il se présente ici sous deux formes : l'homme de sage, mais borné conseil, dont le héros trouve traditionnellement la main secourable - et vaine - tendue au bord le sa route au moment où il aborde le dernier tournant. L'autre a l'orgueil du gardien et du détenteur les objets sacrés : lieu de contact du divin et du terrestre, il a deux faces : par l'une il sécrète et répand l'ombre comme la seiche son encre, il embrouille, il est par vocation le grand avorteur - par l'autre il est le point d'attache à la terre d'un climat difficilement soutenable, le lieu d'un écartèlement absorbant, une de ces pierres de foudre exemplaires qui jalonnent une des frontières - et non la moins brûlante - de la condition humaine.

Les propos qui lui sont prêtés souhaitent de n'emprunter quelque force qu à l'impartialité apparente, mais dans une certaine mesure loyale, que doit l'auteur à ses personnages, à partir du moment où il leur fait assez de crédit pour leur enjoindre de se manifester. Si peu d'intérêt qu'en définitive cela représente, je tiens tout le même à dire que c'est Kundry qui porte mes couleurs.

lundi 26 juillet 2010

Baby swap à 2 (Juke-box)

Bonjour à celles et ceux qui aiment Jean-Philippe Blondel Bonjour aux zotres

Juke-box est le premier roman de Jean-Philippe Blondel que j'ai lu et, de très loin, celui que j'ai préféré. J'en avais fait une critique enthousiaste et musicale
ici. J'ai été moins emballée par 1979 et Accès direct à la plage car sur la forme, le procédé narratif est (certes habile mais) très ressemblant et le fond m'a semblé nettement moins réussi et intéressant (voir ici et ).

Je voudrais faire lire Juke-Box à quelqu'un mais il semblerait que le roman soit épuisé. Aussi, je le cherche sur le net et je propose un échange contre un autre poche à choisir parmi une douzaine de titres à celle ou celui qui sera d'accord pour me l'envoyer.

dimanche 25 juillet 2010

Lectures bloguesques (de la semaine 29-2010)

Bonjour Daniel
Bonjour Pimprenelle

Bonjour Miss Chocorêve
Bonjour Amanda
Bonjour les zotres



Quand Pimprenelle offre 10 livres
Ici vous pouvez participer à un jeu concours et, dans la foulée, (re)-penchez-vous sur les 5 questions de mon portrait chinois de juillet pour peut-être gagner ceci.


Quand Liliba ne nous abandonne pas
Elle propose un jeu concours afin de nous aider à supporter son absence pendant ses vacances et à attendre littérairement son retour ! Je répète, enchaînez avec mon portrait chinois : il n'y a ni bonne ni mauvaise réponse, laissez parler votre imagination (débordante au vu des commentaires déjà en ligne !).


Quand Miss Chocorêve me fait saliver
Miss Chocorêve vient de m'apprendre un truc ! Bien sûr, je ne reste pas de glace (à la pistache) devant les recettes de cup cakes au carambar qu'elle donne juste avant et je suis pas indifférente à la BD Cadavre exquis de Pénélope Bajieu mais ce qui a VRAIMENT attiré ma curiosité et réveillé ma gourmandise est la vision du cahier de vacances érotiques. Je sens que je vais aller faire un tour à la Fnac dès lundi midi moi !


Quand Daniel rédige son 500e billet
Daniel lance une fois de plus l'éternel débat : livre papier ou format électronique et donnant vers la fin de son billet un argument aussi drôle que définitif en faveur de la version papier ! Cela dit, je me demande ce que le concept de livre Gutemberg lancé par Beigbeder apporte de plus par rapport au mot "papier" ? Juste l'envie d'un homme de slogan de lancer une formule sans doute.


Quand j'ai une 2e chance théâtrale
A diverses reprises, j'ai entendu et lu plein de bien sur l'adaptation théâtrale des 39 marches Alfred Hitchcock avec Alex Métayer et à chaque fois je me suis dit "il faut que j'aille voir ça" et puis, le temps passe, les "il faut que" et "j'ai envie de" s'enchaînent, un goût et un projet ébauché chasse l'autre et finalement je ne fais pas 10 ou même 5% de ce que je prévois... L'été est arrivé, la saison théâtrale s'achève et je n'ai pas vu la pièce. La critique d'Amanda confirme que je suis une imbé-Cécile d'avoir raté ce spectacle mais me donne un espoir puisqu'elle annonce sa reprise en septembre. Mais, bien sûr, j'aurai oublié d'ici là !!!

samedi 24 juillet 2010

Jalouse (Noblesse Oblige)

Bonjour aux jaloux/ses
Bonjour aux confiant(e)s
Bonjour aux zotres


Je ne suis pas jalouse car ça ne sert à rien. Paradoxalement, j'adore cette chanson qui a longtemps servi d'illustration sonore à ma page myspace. J'aime les paroles et la nonchalance très sexuelle avec laquelle elles sont chantées. Et s'il fallait les résumer d'un geste, ce serait un déhanchement et je ne peux m'empêcher d'y associer le poème ci-dessous écrit il y a bien longtemps.

Pour les puristes, le son est meilleur sur le myspace du groupe où vous pourrez en outre découvrir de nombreux zotres titres.



Fashion lassitude

Je traîne ma fashion lassitude au bord de ton désir
Déhanchée sous le poids de mes pensées impures
Lassive contre ton corps
Sensuelle dans mes silences
Dans nos soupirs
Les membres déployés pour guider tes caresses
A creux de peau
Au bord de l'oubli de moi-même

vendredi 23 juillet 2010

Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran (Eric Emmanuel Schmitt)

Bonjour à Pimprenelle
Bonjour à celles et ceux qui ont lu un livre d'EES ce mois ci
Bonjour aux zotres

J'ai déjà évoqué ici Le visiteur et Le libertin, 2 pièces excellentes de Eric Emmanuel Schmittet je remercie Pimprenelle de m'avoir indirectement poussée à enfin ouvrir un de ses romans.


Je dois vous avouer que j'avais un a priori défavorable envers cet auteur que je classais un peu dans le même sac qu'Alexandre Jardin (cucul la praline au possible par écrit comme en interview) ou Bernard Werber dont j'avais apprécié les 2 premiers opus de la trilogie des Fourmis (mais pas du tout le dernier) mais dont les autres titres me rebutent d'emblée, sentiment accentué par les interventions télévisuelles du monsieur qui donne un peu l'impression de croire qu'il révolutionne le monde dans chacun de ses romans.


Les apparitions TV de Schmitt ne produisent certes pas le même sentiment d'agacement que celles des deux auteurs sus-cités mais elles me faisaient craindre que ses livres soient également empreints de bons sentiments faciles, de philosophie à deux balles et de point de vue pseudo décalés sur la vie, l'amour, tout ça, tout ça. J'aurais pourtant dû me fier à mes oreilles et me souvenir des textes entendus au théâtre (voir ci-dessus) et de la très belle adaptation cinématographique de Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran signée François Dupeyron.

Le sujet

A 12 ans à peine, Moïse est livré à lui-même. sa mère est partie il y a bien longtemps et même s'il est présent physiquement son père n'est pas là mentalement. Son seul ami est monsieur Ibrahim, l'épicier arabe de la rue bleue. Auprès de lui, il apprend à penser et à grandir.

Mon avis

En lisant Monsieur Ibrahim et les fleurs de mon Coran j'ai bien sûr pensé au film vu à sa sortie mais aussi et peut-être plus encore, à La vie devant soi de Gary/Ajar et à Un aller simple de Didier van Cauwelaert. 2 prix Goncourt.

Sur le fond, on retrouve dans ces 3 romans les mêmes thématiques de la difficulté de devenir adulte quand on a est un enfant abandonné, de la tolérance religieuse, de l'amour au delà des différence. Sur la forme, chacun de ces livres recèle une fort belle écriture, le même humour un peu désespéré, les mêmes aphorismes qui font sens.

Ce sont des romans initiatiques et humanistes, des livres sur le voyage et le voyage intérieur, sur la métamorphose, la transmission et la mort. Dans chacun de ces livres, le personnage principal choisit sa famille et c'est ce qui lui permet de grandir, de vivre tout simplement.

Eric Emmanuel Schmitt brosse avec tendresse et subtilité un portrait d'adolescent à peine sorti de l'enfance et donne envie d'ouvrir le Coran de monsieur Ibrahim. Sans pathos excessifs ni effets larmoyants, il parvient à écrire un petit livre empreint d'humanité, de tendresse et de sensibilité. Monsieur Ibrahim apprivoise Momo un peu comme le Petit Prince apprivoise son renard et l'émotion affleure.

Quelques liens

Liyah adore, pour elle c'est un coup de coeur, Catherine a beaucoup aimé aussi, Fleur de soleil également mais attention son message contient des spoilers.

Conclusion

Excellent moment garanti. Il ne faut surtout pas passer à côté de ce court et délicieux texte qui m'a donné envie de lire d'autres romans de cet auteur mais aussi de me plonger dans son théâtre.

jeudi 22 juillet 2010

L'auteure d'août (Gavalda - Ladjali - de Vigan)

Bonjour Delphine, Anna et Cécile (quel joli prénom !)
Bonjour à celles et ceux qui ont lu leurs romans
Bonjour aux zotres


Préférant consacrer mon temps aux
romans sélectionnés pour le prix Qd9 2010 mais aussi à quelques zotres que j'ai eu le plaisir de recevoir par la poste (Derey, Ravalec, rentrée littéraire Ulike) et dont je vous reparlerai bientôt, j'ai volontairement choisi pour mon challenge d'août, 3 romans peu épais et que je présumais faciles et rapides à lire... et puis divers doutes sont venus nuancés ou au contraire exacerber cet a priori jusqu'à la déception quand j'ai lu ce qu'on disait des uns et des zotres sur la blogosphère. J'avoue que ce mois-ci le suspens est total, je n'ai aucune idée quant au résultat du sondage...

N'oubliez pas de VOTER dans la colonne de gauche car les choix exprimés dans vos commentaires sont sympathiques et intéressants car ils expliquent vos motivations (parfois marrantes !) mais seuls les résultats du sondage permettent de désigner le livre gagnant.


L'échappée belle
Anna Gavalda


J'ai déjà lu 2 livres de cette auteure. J'ai adoré son recueil de nouvelles Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part (voir
ici) mais j'ai été nettement moins séduite par son roman Je l'aimais (voir ). En lisant les avis de Laurence (biblioblog), Thom (le Golb) et Cuné, on comprend que l'on n'est pas tombé sur un livre inoubliable mais que l'on ne va pas se faire mal au cerveau.

Les lignes de présentation que j'ai pu lire
Sur Amazon laissent aussi présager un petit livre plus léger qu'un vin de Loire mais parfois c'est sympa de ne pas chercher à s'énivrer et de vouloit être juste gai(e) et détendu(e) après avoir avalé un peu trop vite un verre de vin frais et facile à boire. Le risque, bien sûr, est de tomber sur une piquette désagréable :
Simon, Garance et Lola, trois frères et soeurs devenus grands (vieux ?), s'enfuient d'un mariage de famille qui s'annonce particulièrement éprouvant pour aller rejoindre Vincent, le petit dernier, devenu guide saisonnier d'un château pendu au fin fond de la campagne tourangelle. Oubliant pour quelques heures marmaille, conjoint, divorce, soucis et mondanités, ils vont s'offrir une dernière vraie belle journée d'enfance volée à leur vie d'adultes. Légère, tendre, drôle, L'Echappée belle, cinquième livre d'Anna Gavalda aux éditions Le Dilettante, est un hommage aux fratries heureuses, aux belles-soeurs pénibles, à Dario Moreno, aux petits vins de Loire et à la boulangerie Pidoune.


Les souffleurs
Cécile Ladjali

La présentation de l'éditeur en ligne sur
Amazon est trèèès longue et donne bien le ton intello, tordu, métaphorique, baroque et théâtral du livre. En voici le début :
Deux têtes coupées (les souffleurs), deux jumeaux incestueux, un palais vénitien aux pieds palmés, un comte amateur d'absinthe, un majordome (toujours) précédé de ses ganta blancs, un bonnet de bain rose et un seul théâtre pour deux représentations rivales : Shakespeare et Racine en ébullition. "Une pensée doit être étrange comme la ruine d'un sourire." Cioran
L'aphorisme de Cioran me séduit et m'inquiète à la fois de même que les avis que j'ai lus (celui de
Malice par exemple) qui insistent sur une certaine complexité et un forte ancrage du livre dans une culture théâtrale classique que je ne possède pas.


No et moi
Delphine de Vigan

La blogosphère regorge de critiques variées de ce livre qui m'a été offert la semaine dernière (merci !) et qui a obtenu le prix des libraires 2008. En voici quelques unes, de la plus enthousiaste à la moins convaincue par cette histoire d'ados dissemblables :
Clarabel - Bibliza - Lily - La tourneuse de pages - Keisha - Malice
La plupart sont agrémentées d'extraits du livre.

mercredi 21 juillet 2010

Point sur la sélection étrangère (du prix Qd9 2010)

Bonjour à celles et ceux qui aiment lire des livres étrangers en VO
Bonjour à celles et ceux qui les lisent en VF
Bonjour aux zotres


Les titres des 3 finalistes francophones ont été annoncés début mai (
ici et ). Les 3 finalistes étrangers le seront début septembre, histoire de laisser à tout le monde le temps d'avancer dans ses lectures pendant l'été.

Pour le moment, je n'ai que peu de certitude quant à mes choix. Voici un point sur les 9 titres en lice. Comme je ne les ai pas tous lus encore (et je ne les lirai sûrement pas tous), le moteur de recherche de Mister Calepin va une fois de plus constituer une précieuse source de complément d'information !

Rappel : les 27 livres de la sélection initiale.

Vos avis et commentaires sont évidemment les bienvenus !

Lettre d'une inconnue - Stefan Zweig
Autriche - Cynthia

4e de couverture :
Un amour total, passionnel, désintéressé, tapi dans l'ombre, n'attendant rien en retour que de pouvoir le confesser. Une blessure vive, la perte d'un enfant, symbole de cet amour que le temps n'a su effacer ni entamer. Une déclaration fanatique, fiévreuse, pleine de tendresse et de folie. La voix d'une femme qui se meurt doucement, sans s'apitoyer sur elle-même, tout entière tournée vers celui qu'elle admire plus que tout. Avec Lettre d'une inconnue Stefan Zweig pousse plus loin encore l'analyse du sentiment amoureux et de ses ravages, en nous offrant un cri déchirant d'une profonde humanité. Ici nulle confusion des sentiments : la passion est absolue, sans concession, si pure qu'elle touche au sublime.

Les deux seuls défauts de ce roman pour ne pas figurer parmi mes finalistes : que l'auteur soit décédé et que ce roman ait un statut (mérité) de classique. Bien sûr c'est un chef-d'oeuvre et bien évidemment il faut le lire mais, parti-pris personnel que personne n'est obligé de partager, à travers ce prix, je préfère découvrir et/ou faire découvrir des auteur(e)s plus contemporain(e)s et moins incontournables.



La servante écarlate - Margaret Atwood
Canada - 1985 - choix d'Olivier


4e de couverture : Dans un futur peut-être proche, dans des lieux qui semblent familiers, l'Ordre a été restauré. L'Etat, avec le soutien de sa milice d'Anges noirs, applique à la lettre les préceptes d'un Evangile revisité. Dans cette société régie par l'oppression, sous couvert de protéger les femmes, la maternité est réservée à la caste des Servantes, tout de rouge vêtues. L'une d'elle raconte son quotidien de douleur, d'angoisse et de soumission. Son seul refuge, ce sont les souvenirs d'une vie révolue, d'un temps où elle était libre, où elle avait encore un nom. Une œuvre d'une grande force, qui se fait tour à tour pamphlet contre les fanatismes, apologie des droits de la femme et éloge du bonheur présent.

Le sujet et les avis enthousiastes découverts via le blog de
Sylvie (qui donne plein d'autres liens) m'ont convaincue : j'ai lu ce livre en sachant que je l'aimerai et, de fait, je l'ai aimé comme le prouve ma propre critique. Il s'agit d'une passionnante analyse sur le processus et les conséquences de la privation de liberté (c'est inquiétant de facilité et de rapidité) qui démontre que les bourreaux aussi, d'une certaine façon, deviennent les esclaves de leur propre loi.
Le blog bleu prévient "attention chef d'oeuvre", je n'irais peut-être pas jusque là mais, oui, définitivement oui, c'est un livre passionnant, intelligent, indispensable. Militant mais pas que et définitivement destiné à tous les sexes.


L'envol des Anges - Michael Connely

USA - 2002 - Choisi par Olivier
4e de couverture : Harry Bosch est chargé d'une enquête délicate. Dans une cabine du funiculaire d 'Angel Flight, le gardien a découvert le cadavre d'Howard Elias, avocat noir, célèbre p our avoir fait condamner de nombreux policiers de la ville pour non respect des droits civiques. Si ce crime n'est pas élucidé rapidement, des émeutes raciales pourraient écl ater à tout moment : Elias allait plaider l'affaire "Black Warrior" dans laquelle un Noir, accusé à tort d'avoir tué une fillette, avait été torturé. Harry, avec sa fidè le équipe, commence ses investigations qui débutent mal. Il se rend compte que des preu ves ont été modifiées et comme un malheur n'arrive jamais seul, on lui adjoint une autr e équipe dirigée par Chastain, son ennemi juré. Malgré sa femme qui le quitte, ses supé rieurs à la recherche d'un bouc émissaire et les traîtres qui s'agitent autour de lui, Harry parviendra-t-il à aller jusqu'au bout de sa quête ?

J'ai récupéré ce livre lors du dernier
DLE. Initialement je ne pensais pas le lire mais maintenant que je l'ai pourquoi pas. J'ai déjà lu et apprécié un polar de Michael Connely il y a quelques années. Il s'agissait des Egouts de Los Angeles qui est vraiment intéressant et qui évoque les "rats de tunnel" lors de la guerre du Viet Nam. Cela dit je n'envisage pas de voter pour un polar non pas que je considère ce genre comme mineur mais à de rares exceptions près (Ellroy ou certains Jonquet par exemple) ce type de roman est vite lu et vite oublié et moi, j'aime que les livres me marquent, me fassent réfléchir et potentiellement évoluer.


Portrait de l'Artiste en Hors la Loi - Fiona Capp
Australie - 2009 - Choisi par Ficelle
Ici

4e de couverture :
1871. Emma Musk, jeune femme dont les parents sont décédés, s'installe comme préceptrice à Wombat Hill, petite ville de l'arrière-pays australien où les chercheurs d'or ont fait place à la bourgeoisie. Douée pour le dessin et la peinture, ayant eu le meilleur des maîtres, elle est cependant l'Artiste, mal vue par la bonne société et harcelée par le chef de la police locale, O'Brien, homme violent dont elle a repoussé les avances. Mariée à un émigrant italien, devenue mère, Emma n'en garde pas moins ses rêves de liberté, de beauté, et c'est en toute innocence qu'en compagnie d'un géologue établi dans la région, rêveur lui aussi à sa manière, elle arpente le bush. Et si les rocailles peuvent former les puissants arrière-plans de portraits, un sol percé de galeries de mines reste une hase instable, fragile, dangereuse. Fiona Capp signe ici un très beau récit, où l'image est fine, les sentiments doucement amenés, la couleur locale parfaite, les personnages attachants. C'est de l'impressionnisme dans l'écriture, un tableau peint devant nos yeux, cadre dans lequel évolue la femme, l'artiste sensible, celle qui perçoit plus qu'elle ne détermine.

J'ai aimé ce portrait de femme et la construction du roman. J'ai cependant un peu regretté son classicisme. Il constitue cependant un finaliste potentiel. Ma critique est ici.


Tout est illuminé - Jonathan Safran Foer

USA - 2003 - Choisi par Anne-Sophie

Voici 3 avis :
L'Express - Sylvie - Hélène
Le mien est plus mitigé. J'ai lu un tiers du roman et je ne suis pas sûre de poursuivre même si j'étais plus pessimiste au début que maintenant. J'ai lu 2 zotres livres depuis histoire de respirer un peu car ce livre me saoule, il me saoule de trop de mots, de trop de rythme, de trop de farfelitudes, d'une langue trop déformée aussi puisque c'est supposé être rédigé en anglais US par un ukrainien maîtrisant peu la langue... la traduction française sent parfois le mot à mot, l'absence d'adaptation pour coller plus à l'esprit du texte qu'à la lettre... et c'est dommage. Cela dit, certaines passages sont d'une beauté et d'une inventivité qui fait vraiment regretté que le parti-pris de l'auteur ne permettent pas de mieux découvrir son style.

4e de couverture : Situé de nos jours, en Ukraine, ce livre raconte les aventures d’un jeune écrivain juif américain – « Jonathan Safran Foer » – en quête de ses origines. Guidé par un adolescent semi-illettré, Alex, par un vieillard et un chien, il sillonne la région à la recherche des vestiges d’un mystérieux village détruit par les Nazis.Mais soudain le récit bascule, et nous voici projetés dans un autre monde : du 18 mars 1791 au 18 mars 1942, c’est la chronique terrible et fabuleuse d’un shtetl appelé Trachimbrod qui se déroule sous nos yeux – un shtetl qui n’est peut-être que la version légendaire du mystérieux village... Peuplé d’enfants trouvés, de rabbins kabbalistes, d’amoureux en proie à la fureur érotique, cet admirable roman s’inscrit dans une tradition où la bouffonnerie est souvent l’ultime expression du sacré. Mais c’est aussi un tour de force littéraire d’une stupéfiante modernité.Passant avec allègresse du religieux au profane, du rire aux larmes et du broken English au grand style, Tout est illuminé est un acte de foi envers le Roman, dans toutes ses dimensions.


Brefs entretiens avec des hommes hideux - David Foster Wallace
USA - Daniel

4e de couverture :
Vingt-trois nouvelles, un garçon paralysé par la peur en haut d'un plongeoir, in poète satisfait se prélassant au bord de sa piscine, un jeune couple face à ses doutes sur sa vie sexuelle, une femme déprimée cherchant le réconfort... Entre dans l'univers incomparable de David Foster Wallace !

Daniel avait gagné ce livre offert par le Diable Vauvert dans le cadre d'un de mes jeux idiots. J'ai immédiatement eu envie de le lire et de voir si j'aurai envie de voter pour un recueil de nouvelles. Je ne l'ai pas encore ouvert car c'est un grand format diffi-Cécile à transporter dans le métro mais je compte bien l'emporter avec moi à la campagne ce week-end : le TGV est un formidable salon de lecture.


Les 1001 Vies de Billy Milligan - Daniel Keyes
USA - Cynthia

4e de couverture : Quand la police de l'Ohio arrête l'auteur présumé de trois, voire quatre, viols de jeunes femmes, elle pense que l'affaire est entendue : les victimes reconnaissent formellement le coupable, et celui-ci possède chez lui la totalité de ce qui leur a été volé. Pourtant, ce dernier nie farouchement. Son étrange comportement amène ses avocats commis d'office à demander une expertise psychiatrique. Et c'est ainsi que tout commence... On découvre que William Stanley Milligan possède ce que l'on appelle une personnalité multiple, une affection psychologique très rare. Il est tour à tour Arthur, un Londonien raffiné, cultivé, plutôt méprisant, Ragen, un Yougoslave brutal d'une force prodigieuse, expert en armes à feu, et bien d'autres. En tout, vingt-quatre personnalités d'âge, de caractère, et même de sexe différents !

J'ai toujours été fascinée par ces histoires de schizophrénie et de personnalités multiples et, à ce titre, le témoignage (à décharge !) rédigé par Daniel Keyes m'a vraiment intéressée. Cela dit, ce livre m'apparait trop journalistique pour que je le désigne parmi les finalistes. En outre, si le côté très partial du livre ne m'a pas gênée en soi, le fait que l'auteur soit très ambigu sur ce point m'a beaucoup dérangée. Ma critique est
ici.


Le fils du dieu de l'orage - Arto Paassilinna
Finlande - 1995 - Choisi par Christophe

4e de couverture : Rutja, velu, la stature imposante, se leva. Il portait une cape en fourrure d'ours, une coiffure de plumes de rapace et un gourdin noueux à la ceinture. Il regarda calmement son père et les autres dieux puis dit d'une voix puissante "Je suis prêt à tout. [...] Absolument tout !"» Et c'est ainsi que le fils du dieu de l'Orage descend aujourd'hui du ciel jusqu'en Finlande avec pour mission de reconvertir les Finnois à la vraie foi de leurs ancêtres. Tel un Candide venu du fond des âges, il découvre avec stupéfaction les mystères de la condition humaine et les méandres incompréhensibles de la civilisation. Son apparence ayant de quoi terroriser les populations, il se réincarne en un paisible propriétaire terrien mais n'hésite pas à frapper de la foudre quiconque lui déplaît. Réussira-t-il à atteindre son objectif ? C'est ce que nous conte avec son humour habituel Arto Paasilinna dans ce nouveau roman, détonant mélange de fable sociale et d'épopée mythologique...

Je n'avais pas adoré La Douce Empoisonneuse. J'ai chez moi Le lièvre de Vatanen et un autre Arto Paassilinna dont j'ai oublié le titre mais qui n'est pas celui de la sélection. Je ne pense pas lire ce livre.


Les cinq quartiers de l'orange - Joanne Harris
Grande Bretagne - 2004 - Choix de Liliba
Ici

4e de couverture : Lorsque Framboise Simon revient dans le village de sonenfance sur les rives de la Loire, personne ne reconnaîtla fille de la scandaleuse Mirabelle Dartigen, tenue pourresponsable de l'exécution de onze villageois pendantl'occupation allemande, cinquante ans auparavant.Framboise ouvre une auberge qui, grâce aux délicieusesrecettes de sa mère, retient l'attention des critiques, maissuscite les jalousies de sa famille. Le carnet de recettes deMirabelle recèle des secrets qui donneront à Framboise la clé de ces années sombres. Peu à peu, elle découvrira la véritable personnalité de sa mère, parfois si tendre,maternelle et sensuelle, subitement cruelle et tourmentée. En temps de guerre, les jeux d'enfants et les histoiresd'amour ne sont pas toujours innocents. Leurs conséquences peuvent même être tragiques.

J'ai lu le premier chapitre avec intérêt et il m'a donné envie de commencer le 2e au plus vite. J'ai aimé les touches créatives, l'humour, la tendresse et la thématique gourmande que l'on sent dans le texte mais ce début de roman il ne fait qu'une dizaine de pages sur les 400 que compte l'ensemble. Suspens donc...

Edit du 11/08/10 : hélas la suite a été un loooong enchaînement de déceptions que j'explique ici.

mardi 20 juillet 2010

Découvrons E.E.S. (avec Pimprenelle et les zotres)

Bonjour Eric-Emmanuel
Bonjour à Monsieur Ibrahim
Bonjour Pimprenelle

Pensées vers Bernard Giraudeau
Bonjour les zotres


Sur son blog Pimprenelle a la bonne idée de proposer régulièrement de découvrir un(e) auteur(e) et de mettre en ligne, à une date fixe, les billets rédigés par les zun(e)s et les zotres sur leurs lectures respectives.

J'ai eu la chance de voir sur scène 2 formidables pièces de Eric Emmanuel Schmitt à savoir :
- Le visiteur cet improbable dialogue entre Dieu et Freud, plutôt brillant dans l'ensemble,
- Le libertin qui évoque Diderot confronté à l'article sur la morale qu'il doit rédiger pour l'Encyclopédie. C'est une pièce superbe, intelligente, pétillante, spirtuelle que j'ai eu le plaisir de voir jouée par le magnifique et regretté Bernard Giraudeau (qui jouait nu sous un peignoir dont j'ai payennement "prié" pendant toute la pièce pour que la ceinture se détache par accident) et que Paris Première a eu le bon goût de rediffuser ce week-end pour lui rendre hommage. Quel texte ! Quel acteur !

Je n'avais en revanche jamais rien lu de Eric Emmanuel Schmitt. Je posséde depuis un moment deux très jolis romans de édités par France Loisirs (comme quoi) et trouvés neufs chez un bouquiniste :
- Oscar et la dame en rose,
- Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran.


Je garde un excellent souvenir du film de François Dupeyron avec Omar Sharif. J'en avais apprécié le sujet, l'humanité, la tendresse et la poésie douce. J'ai donc tout naturellement jeté mon dévolu sur ce titre plutôt que l'autre et j'ai le plaisir de retrouver sous la plume vive de l'auteur les qualités que j'avais aimées à l'écran.

Hélas, une vilaine nocturne au bureau hier soir m'a empêchée de venir tout à fait à bout des 85 pages de texte. Je rédigerai donc une critique plus formelle et plus complète d'ici quelques jours et, d'ici là, je ne peux que vous conseiller d'aller piocher des idées de lecture (y compris théâtrales) chez Pimprenelle et les zotres !

Le bonbon au réglisse (de Valérie Mazeau)

Bonjour aux croqueuses de bonbons
Bonjour aux croqueuses d'hommes
Bonjour aux zotres

J'ai rencontré Valérie Mazeau l'an dernier au salon du livre du Mans et elle m'a parlé de son très court roman avec tant de gentillesse, de passion, de véhémence et de sourire que je ne pouvais pas repartir sans l'acheter.

Le sujet sur le site de l'auteure

Lili est mariée à Peter depuis 20 ans et leur fils Maxime est un adolescent bien dans ses baskets. Entourée de ses deux hommes, Lili est une épouse modèle et une maman épanouie, jusqu'au jour où un troisième homme débarque dans sa vie ... puis un autre ... d'où sa passion pour le bonbon au réglisse.

Mon avis

Isa sur Livr-esse et Alex sur mot-à-mots se sont délectées de ce Bonbon au réglisse de 64 pages écrites gros. J'ai bien aimé mais je me suis moins régalée qu'elles d'une part parce que je suis gourmande et que je n'ai pas été rassasiée, d'autre part parce que ce livre-bonbon est un peu trop sucré et pas assez piquant à mon goût.

La lecture est donc légère, agréable et sympathique et c'est déjà beaucoup. Le roman a en outre le mérite de dresser un portrait de femme adultère normale, simplement à l'écoute de son corps et de ses désirs lorsqu'elle rencontre des hommes, parce qu'au XXIe siècle et quoi qu'on prétende encore, tromper son/sa conjoint(e) est courant (plus que ne pas le faire) et n'a rien d'un drame ou d'une trahison monstrueuse. Il faudra un jour que je vous donne mon opinion sur la gageure que constitue la fidélité à une époque où on vit 80 ans et où on ne meurt (pratiquement) plus en couche ou à la guerre, mais c'est un autre débat et je pense que vous pouvez déjà cerner mon point de vue.

C'est ce traitement de l'histoire de Lili comme une simple évidence lié à ses rencontres, sans préméditation, sans éclats, sans jugement, sans effets érotiques à deux balles et sous l'angle de la plus parfaite banalité que j'ai apprécié et qui fait que oui, indiscutablement, je vous conseille de grignoter Le bonbon au réglisse.

A noter

2 des gagnant(e)s du jeu idiot de juillet gagneront un livre dédicacé par Valérie Mazeau. Vous pouvez encore jouer et répondre aux 5 questions ou à certaines d'entre elles en cliquant sur les numéros suivants : 1/5 - 2/5 - 3/5 - 4/5 - 5/5.

Conclusion

Valérie Mazeau édite et diffuse elle-même ses 2 derniers livres qui coûtent la modique somme de 4 euros (de quoi faire un clin d'oeil sympa et économique à une copine quadra) et je vous suggère vivement un coup d'oeil (ou plus) à son site internet.